pour la plupart, se défendent avec leurs mains, avec leurs pieds, avec leurs dents.
C’est une atroce boucherie !
De sa fenêtre, Léonie voit tout. Elle tremble, elle palpite ; elle sent son cœur défaillir ; elle ne respire plus, et elle ne peut, la pauvre enfant, s’arracher au plus effroyable des spectacles.
C’est que, dans la foule des combattants, elle a distingué le Petit-Aigle qui, brandissant un sabre de cavalerie, enlevé à un officier de police, l’assène, à droite, à gauche, en avant, partout, et, aidé de son père, tient encore bon, alors que tout fuit autour d’eux.
Mais il tombe, accablé par le nombre. Les yeux de Léonie se ferment ; elle chancelle et tâche de se cramponner à l’espagnolette pour ne pas tomber aussi.
— Ma fille ! mon enfant ! au secours ! s’écrie madame de Repentigny, oubliant sa faiblesse, thésaurisant un reste de force, et se jetant à bas du lit pour recevoir Léonie dans ses bras.
Et elle s’affaisse à côté d’elle.
On les relève.
— Ah ! j’ai eu bien peur ! merci, ô mon Dieu ! murmure la tendre mère, en embrassant Léonie, qui, un peu remise de son émotion, s’occupe à border le lit.
Le crépuscule se faisait. Un éclair illumina soudain l’appartement.