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Canada, M. Papineau n’avait jamais dévié dans sa longue carrière politique. Il était doué d’un physique imposant et robuste, d’une voix forte et pénétrante, et de cette éloquence peu châtiée, mais mâle et animée qui agite les masses. À l’époque où nous sommes arrivés, il était au plus haut point de sa puissance. Tout le monde avait les yeux tournés vers lui ; et c’était notre personnification chez l’étranger[1]. »

Il prononça contre l’Angleterre un long et énergique réquisitoire. Mais sa véhémence n’égalait pas la fièvre qui dévorait l’assistance ; et, comme il recommandait de procéder constitutionnellement pour obtenir le redressement des griefs, comme il conseillait d’éviter une levée de boucliers, le docteur Neilson, quittant son fauteuil, déclare, dans un langage brûlant, que le moment d’agir est venu, qu’il faut à l’instant même prendre les armes.

Des hourrahs assourdissants et des décharges de mousqueterie accueillent sa harangue.

Aux chants de la Marseillaise et de la Parisienne, on passe aussitôt des résolutions insurrectionnelles.

Une procession se forme, Papineau, Neilson et plusieurs membres de la chambre législative qui prenaient part aux délibérations, sont enlevés de l’estrade, portés

  1. Ce portrait de M. Papineau était encore vrai en 1855, quand nous avons eu l’avantage de le voir et de l’entendre.