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toute ma vie, car c’est en duel que vous avez été blessé… Oh ! ne le niez pas. Si je cherchais bien, je vous dirais peut-être le nom de votre adversaire…

— Enfin ! les voici qui arrivent ! s’écria tout à coup Poignet-d’Acier, en étendant son bras dans la direction de la rivière Richelieu.

— Oui, mon frère a l’œil sûr, ce sont eux, ajouta Nar-go-tou-ké qui, jusque-là, avait causé, sur un ton animé, avec le chef des trappeurs.

Interrompant leur conversation, les deux jeunes gens se tournèrent du côté indiqué et découvrirent une longue file d’hommes qui ondulaient vers la prairie.

— Qu’est-ce que cette nouvelle bande ? demanda Cherrier à Poignet d’Acier.

— Les sauvages de Lorette, répondit celui-ci.

— Quoi ! les sauvages de Lorette, ici !

— Pas tous, mais une bonne partie.

— Qui donc a pu les décider, car on assure que les Québecquois ont viré leur capot[1] ?

— Pas tous non plus, jeune homme, pas tous ; quelques trembleurs, quelques ambitieux au petit pied. Il y en a sous tous les drapeaux.

— Mais vous avez donc envoyé un agent aux Hurons ?

— Oui j un vaillant Iroquois, le fils de ce sagamo. Et son doigt se posa sur l’épaule de Nar-go-tou-ké.

  1. Locution canadienne. Elle signifie changer de parti.