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Pour y arriver, et pour favoriser davantage les sujets de la Grande-Bretagne établis dans le Haut-Canada, on exigeait du Bas le partage du revenu des douanes avec la province supérieure ! Iniquité révoltante s’il en fut, entre tant d’iniquités !

Nous ne sommes point au bout, car voilà que bientôt le bureau colonial propose un bill attentatoire à toutes les libertés. Ce bill restreint la représentation du Bas-Canada ; il confère à des conseillers, non élus par le peuple, le droit de prendre part aux débats de l’Assemblée. Il abolit l’usage de la langue française et atteint les prérogatives de l’Église catholique.

« Il réduisait, s’écrie M. Garneau, le Canadien-Francais à presque à l’état de l’Irlandais catholique. Le peuple libre qui se met à tyranniser est cent fois plus injuste, plus cruel que le despote absolu ; car sa violence se porte, pour ainsi dire, par chaque individu du peuple opprimant sur chaque individu du peuple opprimé, toujours face à face avec lui. »

Ce fut le signal d’une agitation immense. Dans tous les comtés du Bas-Canada on fit des assemblées pour protester contre cette proposition détestable. Elles donnèrent naissance à des pétitions appuyées par plus de soixante mille signatures.

Portées à Londres par les chefs du parti populaire, MM. Papineau et Neilson, ces pétitions furent éloquemment secondées dans le parlement.