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orateurs lui succédèrent et parlèrent, tour à tour, ce langage métaphorique, imagé, si propre à remuer les passions des masses.

Le crépuscule tombait lorsque le dernier discours fut fini.

— Maintenant, mes amis, reprit Poignet-d’Acier, que chacun de vous aille là où il a le plus d’influence, et qu’il y attende avec patience le mot d’ordre que je ne tarderai pas d’envoyer à tous.

S’adressant ensuite à Nar-go-tou-ké :

— Mon frère, lui dit-il, tu resteras ici avec moi et vingt de nos trappeurs. Notre devoir est de surveiller Montréal et d’y frapper le premier coup. Quant à ton fils Co-lo-mo-o, il est valeureux, il est rusé ; il partira demain pour soulever les Hurons de Lorette et les Indiens du Saguenay.

— Je vous remercie, monsieur, d’avoir pensé à moi, dit le jeune homme, en saluant avec déférence Poignet-d’Acier.

— C’est bien ; nous vous déguiserons, jeune homme, afin que vous ne soyez pas reconnu. Il y a ici, dans ma tente, tout ce qui est nécessaire pour cela. Vous parlez sans accent le français et l’anglais. Avec une fausse barbe et un habillement de fin drap noir, vous pourrez facilement vous donner pour un planteur de la Louisiane.

— Mais, objecta Nar-go-tou-ké, mon fils restera ce qu’il est : l’ours n’a pas besoin de la peau du renard.