— Est-ce que, dit-il, d’un ton ironique, le descendant de la Chaudière-Noire voudrait prendre sous sa protection les enfants du Loup ? Oublie-t-il que c’est le père de cette fille qui m’a dénoncé aux Habits-Rouges ? S’il en était ainsi, j’étranglerais plutôt Co-lo-mo-o de mes propres mains, que de le laisser déshonorer le sang qui coule dans ses veines.
— Co-lo-mo-o demande pardon à son père, il est prêt à le vénérer et à lui obéir en tout, dit doucement le jeune homme ; mais Hi-ou-ti-ou-li l’a aidé à échapper aux Kingsors, et il ne la paiera point par un acte de la plus noire ingratitude.
— Le jeune Aigle parle bien ; il est digne de figurer au conseil des anciens. Qu’il nous conte ce qui lui est arrivé ; et toi, vaillant Nar-go-tou-ké, écoute-le avec le calme des hommes forts, dit alors Poignet-d’Acier.
Co-lo-mo-o, encouragé par l’approbation générale, fit simplement et correctement le récit de ce qui s’était passé à Caughnawagha depuis la fuite de Nar-go-tou-ké.
En apprenant les outrages dont sa femme et son fils avaient été victimes, celui-ci se sentit pris d’une fureur nouvelle qui s’exhala en cris frénétiques, auxquels la plupart des auditeurs joignirent des paroles de vengeance.
— Puisque cette squaw a sauvé tes jours et puisqu’elle promet de se taire, qu’elle parte ! dit brusquement le sagamo, quand Co-lo-mo-o cessa de parler. Mais qu’elle se souvienne que si sa langue tourne une fois de trop dans