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l’accès de l’îlot ; et quoique, par conséquent, elle dût d’abord juger le dessein de Co-lo-mo-o follement téméraire.

Mais n’avait-elle pas dit, ne pensait-elle pas que ce serait un bonheur pour elle de mourir, s’il était nécessaire, en le servant ?

Surprise à la vue du câble dont Co-lo-mo-o se saisit, afin de haler le canot jusqu’à la seule place abordable, elle le fut bien davantage quand une foule de gens, à l’extérieur farouche, les entourèrent au moment de leur débarquement.

Parmi eux, il y avait des Canadiens, des Indiens, des Irlandais, et quelques Anglais.

Tous étaient armés.

Ils remplissaient l’étroite crique où Co-lo-mo-o amarrait son canot. Plus encore que la jeune fille, ils paraissaient étonnés. La plupart lui lancèrent des regards menaçants.

Nar-go-tou-ké, son fusil à la main, marcha vers Co-lo-mo-o, et, lui frappant sur l’épaule :

— Pourquoi, dit-il d’un ton rude, mon fils amène-t-il ici cette fille de loup ?

— Elle m’a sauvé la vie, balbutia le jeune homme, tremblant d’avoir offensé son père.

— Et c’est pour la récompenser de lui avoir sauvé la vie que mon fils la conduit à sa perte ? reprit la Poudre en portant le pouce sur le chien de son fusil.

— Les Habits-Rouges me poursuivaient…