Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 166 —

secret, elle le garderait comme la Grande-Rivière garde les cailloux qu’on laisse tomber dans son lit ?

— Si mon frère confiait un secret à Hi-ou-ti-ou-li, dit-elle chaleureusement, c’est qu’il l’aimerait ; et s’il l’aimait, Hi-ou-ti-ou-li mourrait avec joie pour lui faire un plaisir.

— Ma sœur n’aperçoit-elle rien là-bas, sur la rive ? interrogea Co-lo-mo-o, changeant brusquement le sujet de la conversation.

La Fauvette-Légère regarda un instant dans la direction qu’il indiquait.

Puis, elle répondit :

— Je vois les Habits-Rouges. Que mon frère n’aille pas de ce côté !

— Non, Co-lo-mo-o n’ira point. Il se rendra dans un autre lieu où il pourra échapper aux griffes de ses lâches ennemis, si Hi-ou-ti-ou-li veut lui promettre de ne point le trahir.

— Hi-ou-ti-ou-li le jure sur la croix qu’adorent les chrétiens ! répondit gravement la jeune Iroquoise en étendant son bras vers le petit clocher de la chapelle de Caughnawagha, qui se profilait dans le lointain.

Satisfait de ce serment, le fils de Nar-go-tou-ké oublia qu’il était défendu aux non-initiés de pénétrer dans l’île au Diable et manœuvra hardiment vers ce point.

Sa compagne le laissa faire sans prononcer une parole, quoiqu’elle ignorât l’existence du cordage qui facilitait