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Son martyre n’était pourtant pas terminé.

De sa main mutilée, il lui fallut recueillir, parmi les charbons incandescents, les cendres du défunt, et les serrer dans un sac de peau de vison, orné de broderies, qu’on avait préparé à cet effet.

Cette nouvelle tâche remplie et le sac suspendu à son cou par une lanière de cuir, la squaw, épuisée, s’évanouit. Ce que voyant les Grosses-Babines, ils suspendirent leur brouhaha ; plusieurs creusèrent un grand trou, y enterrèrent soigneusement les restes du bûcher, et un de leurs sorciers s’occupa à rappeler l’Indienne au sentiment.

Ni-a-pa-ah, l’Onde-Pure, tel était le nom de cette Indienne. Elle avait reçu le jour sur les bords du Saint-Laurent, à Caughnawagha, petit village situé à trois lieues environ de Montréal, dans le Bas-Canada.

C’est là que se sont réfugiés les derniers débris de la nation iroquoise, jadis une des plus nombreuses et des plus vaillantes qui existassent sur le continent américain.

Le sang de Ni-a-pa-ah était pur de tout mélange. Par sa mère, la fameuse Vipère-Grise, elle descendait de la Chaudière-Noire, ce chef sanguinaire qui, vers la fin du xviie siècle, dévasta si impitoyablement nos colonies de la Nouvelle-France.

Un an avant le drame que nous venons d’esquisser, Ni-a-pa-ah avait épousé Nar-go-tou-ké, la Poudre, brave sagamo iroquois, non moins illustre qu’elle par ses aïeux. Cette union était heureuse, et tout semblait faire