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dérive. Mais, dans leur touffe épaisse ; se cache la tête du Petit-Aigle. Il respire, tout en observant ses ennemis, à présent descendus sur l’île pour l’y chercher.

Cependant Co-lo-mo-o est fatigué. Longue est la course qu’il a fournie sans pouvoir reprendre haleine. Il s’accroche à un des arbres qui composent la cage et examine les hommes chargés de la diriger.

C’est que déjà se font entendre les voix mugissantes des rapides ; c’est que déjà aussi les vagues sont devenues trop impétueuses pour qu’il soit possible de regagner la rive à la nage, et que Co-lo-mo-o sait qu’à moins de monter sur le train, il court risque d’être déchiré par les rochers qui hérissent le Saint-Laurent au Sault Saint-Louis.

Que les cageux soient des Canadiens-Français ou des Irlandais, et le Petit-Aigle leur demandera assistance, car les uns et les autres détestent les Anglais.

Mais à leurs grosses figures sanguinolentes, à leurs yeux bleus, à leurs favoris roux comme leurs cheveux, Co-lo-mo-o reconnaît des Écossais, ces fidèles serviteurs de la couronne d’Angleterre, que le temps a rendus plus royalistes que le roi lui-même.

Impossible de s’adresser à ces hommes. Malgré le respect, — un peu exagéré, — qu’on leur prête pour les lois de l’hospitalité, ils s’empareraient assurément du jeune sagamo et le livreraient à la police, en arrivant à Montréal.