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dans ses mains, les cheveux flottant au vent, pleurait à chaudes larmes. Puissante aussi, sa douleur s’exhalait en sanglots déchirants. Mais que loin elle était de celle qui gonflait le sein de sa compagne, sans pouvoir s’épancher ! Cependant, si l’attitude austère de celle-ci effrayait presque, la posture humble, désespérée de celle-là, navrait le cœur.

La première était Ni-a-pa-ah, mère de Co-lo-mo-o ; la seconde était Hi-ou-ti-ou-li, la Fauvette-Légère, fille de Mu-us-lu-lu, sœur de la maîtresse de sir William King.

Hi-ou-ti-ou-li aimait Co-lo-mo-o. Après la famille de Nar-go-tou-ké, la sienne était celle des Iroquois de Caughnawagha dont le sang s’était conservé le plus pur.

On avait même espéré qu’un mariage entre leurs enfants éteindrait la haine qui divisait les deux chefs. Par malheur, aucun d’eux n’était disposé à faire une concession à l’autre.

Co-lo-mo-o avait accueilli avec une indifférence complète l’amour d’Hi-ou-ti-ou-li. Et la jeune fille, malgré sa jeunesse rayonnante de beauté, se consumait dans le chagrin et les pleurs ; car, dédaignée par l’objet de son culte, elle était encore en butte aux mauvais traitements de ses parents qui ne lui pardonnaient pas sa tendresse pour le fils de leur ennemi.

Tout d’un coup Hi-ou-ti-ou-li releva la tête, puis elle s’élança vers Ni-a-pa-ah ;