à l’épouse d’un grand chef, dit un des sauvages en faisant un signe à ses compagnons.
Les voix de ceux-ci montèrent sur un diapason plus aigu.
Ramenée au brasier, qui épanchait déjà une chaleur intolérable, la jeune femme adressa encore un coup d’œil à son compagnon d’infortunes pour l’engager à la résignation, et, s’armant de courage, elle avança ses bras nus à travers les flammes, afin de maintenir, dans une attitude allongée, le corps resté sur les troncs de pins brûlants.
Ce corps était celui d’un homme mort. L’action du feu en contractait les nerfs, qui se recoquillaient et ramassaient les membres en boule.
En grésillant, il dégageait une odeur infecte, laquelle, ajoutée aux torrents de fumée et à l’ardeur de la combustion, faillit suffoquer l’Indienne. Elle fléchit sur ses genoux, chancela et retira vivement ses mains.
Aussitôt le Peau-Rouge, qui se tenait derrière elle, la frappa d’un bâton garni d’épines :
— Ma sœur est faible ; mais ma sœur honorera jusqu’à la fin son illustre époux, dit-il en ricanant.
La victime de cette brutalité exhala un soupir, qui se perdit dans le sinistre concert que les Grosses-Babines exécutaient autour d’elle.
Cependant, le captif exaspéré redoublait d’efforts pour rompre ses liens. Des hurlements rauques sortaient de sa