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— Je voudrais lui parler.

— Impossible. On l’interroge : j’ai ordre de ne laisser entrer personne.

— Je suis madame de Repentigny ; veuillez porter mon nom au grand connétable.

Le factionnaire savait que M. de Repentigny occupait un poste supérieur dans l’administration coloniale. Devenu aussitôt plus poli, il salua humblement les deux dames, en balbutiant quelques excuses, et les introduisit dans la cabane de Nar-go-tou-ké.

Le sein de Léonie battit si fort, à cet instant, que, honteuse de son émotion, elle eut voulu pouvoir se cacher derrière sa mère. Mais aussitôt le spectacle qui lui frappa les yeux changea sa confusion en un douloureux étonnement.

Son sauveur, les mains liées derrière le dos, comme un criminel, était debout devant une table, sur laquelle un homme écrivait, tandis qu’un autre adressait des questions au captif.

Près de lui, à un pilier qui supportait le toit de la cabane, on voyait attachée une Indienne, les vêtements en désordre, la bouche couverte d’un bâillon. Entre eux, au milieu d’une mare de sang, gisait le cadavre d’un chien.

L’Indienne, c’était Ni-a-pa-ah ; le cadavre, c’était celui de Kewanoquot.

À l’arrivée de son fils enchaîné, Ni-a-pa-ah avait bondi,