Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 121 —

faisait pas alors en bateau à vapeur. L’Iroquois, ce puissant steamboat qui relie maintenant les deux rives du fleuve, n’existait pas. Pour aller de l’une à l’autre, on se servait de canots dirigés par des Indiens.

Le trajet s’accomplit sans accident.

— Vous ne nous escorterez pas plus loin, beau cavalier, dit en débarquant Léonie à sir William ; faites faction ici, mon preux, et surtout ne vous laissez pas fasciner par les attraits des aimables sauvagesses d’alentour, car je suis jalouse, oh ! terriblement jalouse… de vous !… ajouta-t-elle en souriant.

Sir William se rengorgea.

— Depuis que j’ai eu l’extrême félicité de vous contempler pour la première fois, mes yeux ne voient plus que votre image adorable, très-adorable !

Léonie éclata de rire.

— Alors donc, dit-elle, restez mentalement en extase devant mon image adorable, très-adorable ; je vous y autorise. Votre extrême félicité sera sans bornes !

Et elle rejoignit madame de Repentigny, qui se faisait indiquer la demeure de l’Indien qui, la veille, avait piloté le Montréalais.

Jamais auparavant Léonie de Repentigny n’avait visité Caughnawagha. L’affreuse nudité des cabanes, l’odeur marécageuse, malsaine, qu’on respirait, l’apparence chétive des enfants déguenillés grouillant autour des huttes, la torpeur apathique peinte sur les traits des femmes et