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c’est ainsi qu’elle dit à ceux qui lui font honneur de l’écouter :

Tant qu’il y aura peu de capital sur la terre, de quelques beaux sentiments que les législateurs soient animés, quelque sublimes pensées qu’on écrive sur le frontispice de la constitution politique, une grande partie du genre humain, de nos concitoyens, de nos frères en Dieu, restera fatalement sous le poids de la misère. Donc, au nom de l’amélioration populaire, il faut faire du capital. Le capital se fait par le travail qui porte des fruits, et par l’épargne qui met en réserve une portion des fruits du travail. Donc, l’épargne est d’intérêt public, d’intérêt populaire. Le riche dissipateur et l’ouvrier débauché, qui, l’un et l’autre, s’inquiètent peu de se rendre utiles à la société, selon la forme et dans la mesure que comporte la position de chacun, et qui dépensent tout ce qu’ils peuvent sans rien réserver, sont tous les deux des ennemis de l’amélioration populaire, et ils le sont au même titre. C’est en ce sens que l’économie politique recommande l’épargne à tout le monde sans exception, à l’ouvrier comme à l’homme qui a de l’aisance, à l’homme simplement aisé comme à celui qui est opulent. De sa part ce n’est pas une ironie que de parler d’épargne même à ceux qui sont fréquemment dans le besoin. C’est une juste appréciation de la puissance qui appartient à la volonté humaine lorsqu’elle est persévérante ; c’est la conscience de la masse que peuvent former des infiniment petits quand ils s’ajoutent sans cesse les uns aux autres.

Il ne faudrait pas dire que l’économie politique confond mal à propos le capital et le capitaliste ; que l’un est un instrument utile, et que l’autre est un être inutile, le frelon de la ruche, qui s’attribue une prime sur le travail d’autrui sans travailler lui-même. S’il ne travaille pas présentement, il a travaillé dans le passé, ou d’autres ont travaillé pour