tent entre les hommes dans la production et la répartition de la richesse, que pour savoir si la liberté y était respectée, et s’ils étaient conformes à la raison et à la justice. Si donc ordinairement elle semble froide, c’est que la raison et la justice ne connaissent ni l’enthousiasme ni la ferveur, ce qui ne les empêche pas d’être fécondes pour la grandeur et la prospérité des États et le bien-être des individus.
Mais il n’y a pas, dans la nature même des choses, d’obstacles qui s’opposent à ce que l’économie politique rattache à son domaine l’exposé méthodique et l’appréciation des institutions d’économie charitable, c’est-à-dire de celles qui procèdent de la fraternité. On peut y voir, en effet, des modes complémentaires de la répartition de la richesse. Il faudrait seulement avoir soin que ce fût bien distinct : la justice d’abord, la charité ou la fraternité ensuite. Il ne répugne aucunement à l’esprit de l’économie politique de montrer le chef d’industrie, une fois les parts faites conformément à la justice, d’après la lettre des contrats, s’occupant, librement, d’organiser, par exemple, seul ou avec le concours de ses voisins, une caisse d’épargnes, une caisse de secours, une caisse de retraite, ou d’ouvrir une école. De même, il appartient incontestablement à l’économie politique d’embrasser dans ses investigations les institutions de la bienfaisance publique, la taxe des pauvres, les bureaux de bienfaisance, les projets de colonisation en grand par l’assistance de l’État. D’un autre côté, l’économie politique, qui vante justement la division du travail, ne peut se refuser à admettre que quelques personnes lui en fassent l’application à elle-même, et qu’elles se donnent la mission spéciale de classer méthodiquement, sous la dénomination d’économie charitable, les institutions et les pratiques par où se manifeste le sentiment sublime de la charité. S’il en était ainsi, l’économie politique fournirait dans beaucoup de circonstances, de précieuses lumières à l’économie charitable sur les mesures à prendre pour élever la condition des pauvres et elle recevrait avec reconnaissance, en retour, les renseignements que l’économie charitable pourrait lui donner sur les moyens de restituer à l’activité sociale des forces aujourd’hui frappées de stérilité.
Je m’arrête maintenant. J’espère vous avoir fait saisir d’une manière générale l’objet du cours de cette année ; je me propose de vous montrer comment les rapports qu’a l’économie politique avec la morale, et comment elle y rentre, comment sa place serait tout naturellement marquée dans l’enseignement de cette partie de la philosophie qui traite des lois de la morale et de leur application à l’organisation des sociétés.
Telle était la conclusion à laquelle j’étais arrivé, après avoir réfléchi longuement, je puis le dire, lorsque j’ai été bien surpris d’apprendre que l’économie politique était venue au monde comme une branche de la morale. Oui, messieurs, l’immortel ouvrage d’Adam