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COLLÉGE DES JÉSUITES.

provisoire qui offre son étroite enceinte à des assistants toujours trop nombreux n’a rien qui puisse, en dehors des jours où l’on y jouit de la pompe des cérémonies religieuses et de l’harmonie des chants pieux, provoquer une curiosité purement curieuse.

Il n’en est pas ainsi de la bibliothèque, qui est riche en ouvrages de réelle valeur pour les esprits sérieux.

Quant aux constructions importantes que le R. P. architecte a dû élever sur un sol ingrat, au milieu de difficultés qui n’ont pas été toujours assez heureusement vaincues, elles ont le caractère, à peu près forcé, de leur emploi.

« Cela ressemble à une belle caserne », a-t-on dit fort souvent autour de nous. Au point de vue purement architectonique, le mot est peut-être relativement vrai ; mais, peut-être aussi, était-il difficile qu’il en fût autrement, à en juger par les nombreux échantillons de monuments similaires que le passé et le présent offrent à peu près partout à nos regards, et qui mériteraient mieux encore que celui-ci l’irrévérencieuse comparaison dont il est l’objet.

« Mais ce n’est pas une raison pour qu’on puisse donner à une pensée, juste en soi, cette entorse qui — disons-le — ne déplaît pas à plusieurs : « Cela fera une « belle caserne. »

« Il est bien vrai que si le progrès humanitaire devait fatalement aboutir à une fraternité des peuples se formulant en un monde de frères-ennemis ayant toujours le sac au dos et l’arme au pied, il serait peu nécessaire de dresser les intelligences aux délicats travaux de la pensée : ces nobles préparations de la tête et du cœur ne feraient pas des masses de chair assez résistantes contre la mitraille du fusil à aiguille et du canon rayé : logiquement, dès lors, la gymnastique du corps devrait être substituée partout à celle de l’esprit, et, logiquement encore, le collége devrait être partout remplacé par la caserne.

« Si c’est là l’idéal des imprudents qui ne peuvent entrevoir les abîmes creusés par la logique à l’extrémité