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ÉGLISE CATHÉDRALE DE SAINT-PIERRE.

de quatre plans superposés, dont le second est percé de trois fenêtres en plein cintre qui éclairent les trois nefs.

Ce qui vous frappera dans cette partie de l’édifice, c’est son caractère sévère, majestueux et cet aspect imposant qu’il doit à la rectitude de ses belles lignes et à la pensée de l’inaltérable solidité de ses larges assises.

Lorsqu’il fut construit, c’était une innovation hardie de substituer ainsi aux riches absides que l’art roman avait jusqu’alors soudées aux nefs des temples comme autant d’appendices obligés, cet immense contre-fort dépouillé de tout artifice de construction qui pût garantir cette partie contre la poussée des voûtes et des charpentes et dont pas une pierre cependant n’a perdu l’aplomb qu’elle reçut au XIIe siècle, malgré les boulets de Coligny, qui n’y ont laissé que quelques traces de leur action impuissante.

Revenons maintenant sur nos pas vers la façade ; il est temps de lui accorder l’examen qu’elle réclame. Trois portails, correspondant aux trois nefs intérieures, composent la base de cet ensemble majestueux, et, malgré les ravages des protestants, nous pourrons y lire presque couramment une de ces grandes épopées religieuses que le catholicisme plaçait toujours à l’entrée de ses temples, sous les yeux de ses enfants.

Dans le portail du milieu, le sculpteur a reproduit en trois tableaux successifs la trilogie des derniers temps du monde. On y voit, en effet, dans le linteau même, la Résurrection des morts. Ils secouent la poussière de la tombe, et s’élancent pêle-mêle de leurs cercueils entr’ouverts au bruit de la trompette mystérieuse.

Plus haut, séparés de la première scène par des moulures nébuleuses, apparaissent le Jugement de Dieu et la Séparation des bons d’avec les méchants. Ceux-ci, les maudits du Dieu vengeur, vont être précipités dans l’abîme des douleurs, représenté par ce Léviathan dont la gueule béante a déjà reçu ses victimes et s’apprête à engloutir celles que vont lui livrer les satellites du démon.

Ces artisans du mal saisissent sans pitié les malheu-