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LE JARDIN PARFUMÉ

aussitôt. Et le bouffon resta tout ébloui des beautés de ce corps de marbre ; il regarda avec passion tant de perfections, détaillant chaque contour avec complaisance ; mais arrivé un peu bas et vers l’endroit où se trouve le zouque, il se mit à embrasser et à mordre avec tant d’ardeur que la pauvre femme poussait tout à la fois des cris de douleur et de plaisir ; enfin lorsqu’elle fut arrivée au paroxysme de la jouissance ; Baloul se jeta sur elle, la serrant de toute sa force ; tous deux s’agitèrent en formant des courbes harmonieuses, puis ils crurent trouver le ciel.

Après un moment le fou se leva pour se retirer.

— Tu me laisses la robe ? demanda la femme du ministre.

— Pas encore, répondit son amant, tu ne l’as pas payée.

Alors la malheureuse s’écria :

— Je croyais avoir trop fait déjà pour la mériter.

— Écoute, dit le bouffon ; la première fois tu m’as pris, la seconde tu as été à moi, nous sommes quittes. Mais si tu consens à une troisième épreuve, t’ayant possédée deux fois contre une,