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LE PARFUM DES PRAIRIES

— C’est ainsi que devraient être faits tous les hommes.

Alors elle l’essuya avec un linge fin. Mais le bouffon, se levant, déclara qu’il se retirait, la nuit était venue.

— Vous me laissez votre habit ? dit la dame.

— Je m’en garderais bien, dit le rusé, car ce n’est pas moi qui vous ai prise, mais bien vous qui m’avez séduit.

— C’est pourtant toi qui m’as entraînée, dit-elle ; et n’as-tu pas choisi la position, étendu sur ton dos, refusant de venir sur moi ?

— C’est possible, répondit Baloul, mais c’est toi qui as demandé à faire l’amour et qui as bien voulu te charger du soin de mon bonheur. Mais laisse-moi à mon tour te posséder et je laisserai ma robe de tes mains.

— Qu’il soit fait suivant ton désir, pensa la femme du Vizir, et cette fois l’étoffe brillante sera bien à moi.

Alors elle s’étendit sur son lit aux mille couleurs, comme un étendard déployé ; mais le méchant, se mettant près d’elle, lui déclara qu’il n’entreprendrait rien jusqu’à ce qu’elle fût complètement deshabillée et mise à nu, ce qu’elle fit