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LE JARDIN PARFUMÉ

lui ; pensant du reste que si Baloul racontait son aventure, personne ne le croirait. Alors elle lui dit :

— Ôte tes habits et entre dans ma chambre, je vais me parer pour toi.

Mais Baloul impatient s’écrie :

— Quand mon zeb se rassasiera-t-il donc de toi, ô femme divine ?

À ces mots elle se lève, frémissante de désirs, et dénouant sa ceinture, elle s’avance vers son appartement réservé, suivie du bouffon étonné qui se dit : Grand dieu ! Est-ce un rêve ou une réalité ?

Cependant la femme du ministre arriva près de son lit de soie, ruisselante de sueur, elle se retourna vers Baloul, l’entoura de ses bras, et se renversa sur les tapis comme un palmier qui tombe. Ses vêtements étaient relevés sur ses jambes, le sang coulait comme du feu sous sa peau nacrée et le bouffon eut bientôt dans ses mains tout ce que Dieu peut donner à une créature humaine.

Il se mit alors à examiner ce chef-d’œuvre, et il vit un ventre blanc comme un dôme de mosquée, un nombril bombé comme une coupe élégante ; puis il regarda plus bas et se trouva en face d’une