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LE JARDIN PARFUMÉ

les zouques malades qui font éprouver des démangeaisons à leurs maîtresses et j’ai justement, pour cet usage, un instrument gros et long qui leur sied à ravir.

— Que dis-tu, Baloul ? Je ne te comprends guère ; parle-tu folie ou raison ?

— Je parle sagement, dit Baloul.

— Alors répète afin que j’entende mieux.

Baloul chanta :

Le monde n’est pour moi que fumée,
Le plaisir ne peut venir que de toi !
Mon âme est folle de joie quand mes yeux ont l’orgueil de te voir
Et de mon être ne s’exhale que joie et chansons.
Maintenant tout ne m’est plus rien ;
Les gerbes d’étoiles d’or dans le ciel, les terres immenses de l’Arabie,
S’évanouissent devant mon ardent amour.
Je t’aime, ô la plus belle créature de Dieu !
Il y a si longtemps que je suis privé de l’étreinte d’une femme,
Et que mon cœur souffre du vide qui l’entoure.
Le moment d’être heureux est-il enfin arrivé ?
Je sens mon zeb qui se lève bouillant d’ardeur,
Et le désir qui s’empare de mes sens lui donne un balancement nerveux ;