Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
LE PARFUM DES PRAIRIES

refusa de venir, il craignait de perdre son cœur comme les autres.

Cependant à un nouvel appel, il ne résiste plus, il se rend auprès d’elle, s’assied à son côté et commence à causer.

Quelquefois ses yeux s’arrêtent sur son doux visage ; puis son regard s’abaisse vers la terre ; il sent son cœur lui échapper. Elle voit son trouble et lui demande enfin la robe d’or ; mais lui, de son côté, la prie pour son zouque.

— Que me demandes-tu là, s’écria-t-elle ?

— Te niquer, Mahima.

— Comment, Baloul, mais tu ne saurais pas t’y prendre.

— Moi, ma dame, mais je croyais vous avoir dit déjà que je connais l’amour depuis que Dieu m’a mis au monde, et je pense même qu’il a créé les femmes un peu pour moi, car personne n’est plus sensible à leurs charmes. Il y a des hommes qui ne s’inquiètent durant leur existence que des soucis de leur triste vie, tandis que moi je ne m’occupe que de la passion de mon âme qui est tout entière aux dames qui sont brillantes et belles comme des autruches. Mon esprit songe sans cesse à soulager les cœurs souffrants et à guérir