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LE PARFUM DES PRAIRIES

cœur soit ouvert, plein de loyauté et de courage ; il doit être d’une stature élancée, mais forte. Il faut que sa parole soit une, qu’il tienne les promesses qu’il a faites ; qu’il soit constant et fidèle, mais jamais coureur d’aventures.

Nous verrons, dans un instant, l’histoire d’un homme mauvais et rusé.

Du temps que Mahmoud était sultan, ce prince avait un bouffon qui s’appelait Baloul ; ce bouffon avait une grande réputation de drôlerie parmi les hauts seigneurs de la cour.

Un jour que le Sultan, vêtu magnifiquement, était dans la grande salle du palais, il commanda à Baloul de venir s’asseoir à ses côtés, ce que le bouffon s’empressa de faire. Mais Mahmoud, l’injuriant, lui dit :

— Hé ! Baloul, que viens-tu faire ici, fils de cahaba ?

— Je suis venu me prosterner à tes pieds, Sultan que Dieu bénisse !

Le prince reprit :

— L’on m’a dit que tu as deux femmes ; à quoi bon ce luxe ? Préfères-tu la dernière à la première ?