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LE PARFUM DES PRAIRIES

d’une chose à une autre : après un conte, l’explication des songes ; ensuite une observation tout à fait en dehors du sujet, pour revenir encore à la question des rêves, qu’il quitte bien vite pour entamer une dissertation médicale dont il a un peu abusé. Enfin ne critiquons pas trop son livre, il a peut-être, de bonne foi, voulu rendre service.

Ne trouve-t-on pas dans Horace des chapitres érotiques qui pourraient faire pendant à ceux de Nefzaoui ? Pourquoi exigerions-nous plus de moralité de l’écrivain d’un peuple encore dans l’enfance, que du grand poète des civilisations anciennes ?

Et puis n’oublions pas que l’Arabe est d’un matérialisme qu’il pousse jusqu’au cynisme ; il a deux vies bien distinctes : la vie extérieure et la vie intérieure. En public sa fierté est grande, sa parole brève, sa tournure méprisante ; chez lui il devient causeur, bavard même, joue avec les femmes comme jouent les enfants et pleure quelquefois au moindre caprice de celle qu’il aime. La conversation intérieure est toujours lascive, et les mots que nous considérons comme malséants passent chez eux inaperçus.

Mohammed Nefzaoui est considéré en Orient