Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
LE JARDIN PARFUMÉ

ajouta-t-elle en se dégageant de ses pattes, c’est comme tu voudras, tu porteras la charge.

Le mari remercia sa femme et la pria de donner à l’avenir double ration à l’animal pour qu’il pût faire un meilleur service : ce dont ils ne se plaignirent ni les uns ni les autres.

Voyez et frémissez à la pensée des femmes malignes.

Histoire de la femme qui prit la place de son amie

Deux voisines habitaient la même maison. L’une avait un beau zouque dodu et bien nourri ; l’autre possédait un fordj mince, maigre et de triste apparence.

La première était grande et forte, la seconde petite et courtaude. Cette dernière était chagrine, d’humeur triste et sa paupière rougie soutenait sans cesse une larme prête à tomber. Sa compagne, au contraire, était joyeuse du matin au soir et le sourire restait fidèle à ses lèvres de corail.

— Je suis heureuse, disait-elle à son amie, mon lit est doux, je prends ce que mon mari me cède et je me donne à mon époux qui me caresse. Ses baisers sont de feu ; et il garnit si bien ma cham-