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À MON AMI JOSÉPHIN SOULARY


En vous offrant cette traduction, mon cher Soulary, je crois devoir vous dire dans quelles conditions elle a été entreprise.

Dans une petite maison d’Alger, une des rares habitations ayant conservé leur style mauresque bien pur, cour dallée de marbre, colonnes tourmentées aux chapiteaux fleuris, chambre longue dont les murs sont garnis de vieux carreaux émaillés qui forment des dessins de cachemire, je recevais chaque soir une petite société d’Arabes.

J’avais grande envie d’apprendre la langue et je trouvais ce moyen parfait, ma paresse instinctive me commandant de proscrire les professeurs et tous ces livres arides des premiers travaux, qui sentent le collège dont je n’ai pas gardé un bien touchant souvenir.

Je voulais donc m’instruire en jouant.

Mes convives habituels étaient le Crodja Mohammed, le même qui a écrit votre manuscrit ;