Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et rien est-il pour vous de plus de conséquence ?

Un oncle riche et vieux dont votre sort dépend ; [335]

Qui du bien qu'il vous veut, sans cesse se repent ;

Prétendant, sur son goût, régler votre génie ;

De vos diables de vers détestant la manie ;

Et qui, depuis cinq ans bien comptés, Dieu merci,

Pour faire votre droit, nous pensionne ici ! [340]

Attendez-vous, monsieur, à d'horribles tempêtes.

Il vient incognito , pour voir où vous en êtes.

Peut-être il sait déjà que vous donnant l'essor,

Vous n'avez pris ici d'autre licence encor

Que celles qu'il craignait, et que, dans vos rubriques, [345]

Vous nommez, entre vous, licences poétiques.

Ah ! Monsieur, redoutez son indignation.

Vous aurez encouru l'exhérédation.

Ce mot doit vous toucher, ou votre âme est bien dure.

DAMIS, lui donnant un papier.

Mondor, porte ces vers à l'auteur du Mercure. [350]

MONDOR, refusant de le prendre.

Beau fruit de mon sermon !

DAMIS

Digne du sermonneur.

MONDOR

Et que doit nous valoir ce papier ?

DAMIS

De l'honneur.

MONDOR, secouant la tête.

Bon ! De l'honneur !

DAMIS

Tu crois que je dis des sornettes ?

MONDOR

C'est qu'on n'a point d'honneur à mal payer ses dettes,

Et qu'avec celui-ci, vous les paierez très mal. [355]

DAMIS

Qu'un valet raisonneur est un sot animal !

Eh ! Fais ce qu'on te dit.

MONDOR

Aussi, ne vous déplaise,

Vous en parlez, Monsieur, un peu trop à votre aise.

Vous avez les plaisirs ; et moi, tout l'embarras.

Vous et vos créanciers, je vous ai sur les bras. [360]