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trouve à redire. Au début de mon installation au Caire, quelques pachas formalistes ou des amis fanatiques ont risqué des observations que j’ai énergiquement rétorquées ; on a fini par se tenir tranquille et par me laisser vivre à ma guise.

De propos en propos, nous atteignîmes la fin du repas. Sadyck-Pacha me dit alors :

— On va servir le café, ainsi qu’il est d’usage partout et encore plus en Turquie et en Égypte. Voulez-vous le prendre ici ou préférez-vous que je vous conduise dans mon harem ?

— Dans votre harem ? demandai-je interdit.

— Oui, dans mon harem, au milieu de mes femmes, ou plutôt dans mon ménage de garçon, car, tel que vous me voyez, je ne suis pas encore marié, d’une manière authentique du moins.

— Vous ne craignez pas que cette infraction à l’un des préceptes les plus rigides de votre loi…

— Bah ! interrompit-il, je suis Français plus qu’Égyptien et nullement intolérant. J’ai un harem, parce qu’ici un homme de mon rang doit en avoir un ; c’est une affaire de mode et de luxe, mais je ne cache mes femmes qu’à la multitude. J’introduis volontiers un ami, un homme intelligent comme vous, dans l’intérieur de ma maison. On peut tout faire ici-bas, selon les circonstances et les gens, pourvu qu’on évite le scandale.