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du Koran. Du reste, boire du vin à tous mes repas est devenu chez moi une habitude contre laquelle il ne me serait pas possible de réagir. Le vin est nécessaire à ma santé.

— Je vois, en effet, que l’habitude est bien prise chez vous, car je remarque que vos serviteurs, appartenant tous à la foi de Mahomet, vous versent le liquide avec l’indifférence de gens accoutumés à cet exercice, et rien sur leurs traits n’indique la moindre répugnance.

— Parbleu ! je me doute bien que quelques-uns d’entre eux ne s’en tiennent pas là et que, loin des témoins importuns, ils se versent à eux-mêmes des rasades dont ils font leur profit. Je m’en aperçois quelquefois et je les laisse faire.

— Vraiment ; c’est cependant un péché.

— Péché caché… ajouta le pacha en souriant. Ces braves gens doivent se demander pour quel motif le divin Mahomet leur a interdit de toucher au produit de la vigne. Moi, je me l’explique, et, en ma qualité de non-pratiquant, je laisse les dévots obéir à la défense et je ne crois pas faire mal en usant de tous les biens que nous donne cette terre.

Je mets même un certain amour-propre à agir ainsi presque publiquement ; aussi, non-seulement mes serviteurs ne s’étonnent-ils point de ma conduite, mais tout le monde la connaît et personne aujourd’hui n’y