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tourmente, qui provoqua de la part d’un vieux matelot breton l’exclamation suivante :

— Ils disent que la Méditerranée c’est comme de l’huile ? quelle s…-t-huile !

Nous nous tenions accroupis sous l’entre-pont, dans une obscurité profonde, car le navire était couvert d’immenses prélarts destinés à recevoir et à faire écrouler les montagnes d’eau qui l’envahissaient à chaque instant. Enfin, j’entendis donner l’ordre d’abattre les mâts, et cet ordre sonna mal à mes oreilles.

J’interrogeai le capitaine qui me répondit :

— Je crois que nous sommes à la hauteur de la Valette. Comme je n’ai plus de charbon à bord, je fais préparer le combustible pour entrer dans le port, si nous parvenons à rencontrer son embouchure.

L’ouragan nous avait heureusement poussés devant Malte et nous pûmes atteindre le mouillage en chauffant la machine avec notre mâture. Il était temps ! officiers et matelots étaient sur les dents ; les passagers n’avaient pas quitté la position horizontale ; le bâtiment avait d’assez graves avaries et ne pouvait continuer son voyage.

La plus grande activité régnait alors à Malte où les Anglais faisaient leurs préparatifs pour la guerre de Crimée. Le port était littéralement encombré d’innombrables colis qui étaient amoncelés sur les quais. Au milieu de ce désordre, l’évêque de Saint-Denis s’em-