Page:Chauvet - L Inde française.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tière du Sud, le ministre du rajah du Tanjaour vint à Pondichéry, qu’il avait habité, du reste, pendant de longues années, où il était né et avait exercé jusqu’à l’année précédente les importantes fonctions de thassildar ou receveur des domaines.

C’était un homme d’une rare intelligence, doué d’un esprit très-vif, rompu aux formes administratives, parlant et écrivant le français avec une remarquable pureté. Une circonstance douloureuse l’avait contraint de résigner ses fonctions, d’abandonner le pays natal et d’aller offrir ses services au souverain le plus voisin.

Comme tous les Indiens, le thassildar avait peut-être, dans l’exercice de ses fonctions, prélevé quelques bribes d’impôts dont il n’avait pas tenu un compte exact, fait danser l’anse du panier, comme nous disons en France en parlant des domestiques, et on eut le tort de faire une grosse affaire d’un méfait contre lequel manquaient les preuves, et qui ne constitue pas un délit aux yeux des Indiens.

Une enquête eut lieu qui aboutit à faire traduire notre homme en cour d’assises. Le thassildar fut acquitté, et, comprenant lui-même que si son aventure judiciaire ne lui faisait rien perdre de l’estime et de la sympathie de ses coreligionnaires, il n’avait plus à prétendre au même degré de confiance auprès de l’administration française, il se rendit dans le Tanjaour dont le rajah l’accueillit les bras ouverts.