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digression. Je reprends maintenant le cours de mon voyage.

À peine arrivé au bengalow, je descendais de ma voiture à bœufs ; j’entrais dans la maison, précédé du gardien qui me donnait toutes les indications utiles, tandis que mon cuisinier prenait possession des fourneaux, que mes ayas se jetaient sur les couchettes, et que mon dobachi, brochant sur le tout, allait et venait, stimulant les hommes de peine qui débarquaient le matériel et les approvisionnements, gourmandant celui-ci, encourageant celui-là, donnant ses ordres à tous comme un général d’armée la veille d’une affaire.

Le hasard détermine souvent, dans les bengalow, des rencontres étranges, des aventures et des relations utiles ou agréables. Des mariages s’y sont préparés d’une façon tout à fait inattendue ; des intrigues s’y sont nouées. Pour ma part, j’ai conservé un excellent souvenir de ces maisons de passage. L’usage est généralement adopté par les Européens, et surtout par les Français, de mêler leurs provisions à celles de leurs compatriotes qui arrivent en même temps qu’eux à l’étape ou qui débarquent quand ils y sont déjà installés, et de transformer leurs repas solitaires en pique-nique.

Un matin, de très-bonne heure, ma caravane atteignit le bengalow au moment où une jeune dame, d’une tournure distinguée, descendait de son palanquin sur le