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et de marins. Ils semblent s’être réservé le monopole de porter les fardeaux et de conduire les ânes. Ceux qui ont appris à baragouiner quelques mots d’anglais ou à parler ce qu’on nomme la langue maltaise, mélange d’espagnol corrompu, de patois français et d’arabe, ceux-là servent de cicérone aux étrangers.

Cependant je ne voulus pas quitter Alexandrie, le lendemain à l’aube, sans consacrer l’après-midi et la soirée à mes compagnons du paquebot ; une certaine conformité d’humeur en avait fait presque des amis pour moi. Aussi les industriels qui débutaient alors dans le négoce, le chanteur-arquebusier et moi, après avoir visité les monuments de la ville, nous résolûmes de passer la soirée ensemble.

Quelle soirée agitée ! on célébrait en ce moment je ne sais quelle grande fête de l’islamisme. La cohue était immense dans les rues. Partout, autour des marchés notamment, s’étaient établis des cafés en plein vent ; des almées de carrefour y dansaient, voilées, devant des matelots ivres.

Ce que je vis de plus curieux, ce fut un santon posté au coin d’un marché et attendant l’occasion d’exercer son ministère. Ce personnage à l’air béat était dans un état de nudité complète ; plusieurs femmes vinrent rôder autour de lui, et il s’éclipsa avec l’une d’entre elles.

Je me fis expliquer la mission du santon et la popu-