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Une autre femme, à sa place, se serait évanouie et aurait été mordue. La dame ne perdit pas la tête. Prévoyant que le moindre cri, le moindre geste, occasionneraient sa mort, elle eut la force de comprimer tout mouvement et jusqu’au tremblement que devait lui procurer le contact de son dangereux hôte.

Deux ou trois minutes, longues comme des siècles, s’écoulèrent dans une douloureuse attente. Enfin, l’aya parut à la porte. D’un geste de la main, sa maîtresse lui indiqua qu’il y avait danger de la vie et lui ordonna de ne faire aucun bruit ; puis ses lèvres à peine agitées laissèrent échapper la prière d’apporter du lait.

La servante comprit cette prière et se retira en effleurant le sol. Elle revint bientôt avec une jatte de lait qu’elle plaça près de la porte, aux deux côtés de laquelle se rangèrent silencieusement deux ou trois serviteurs armés de rotins.

L’odeur du lait dégourdit le serpent, qui se déroula lentement, glissa le long de la jambe, et se dirigea vers la jatte. Il y fut reçu par un coup de rotin qui lui brisa la colonne vertébrale et le jeta par terre en deux tronçons. C’est par ce moyen bien simple que les indigènes tuent les reptiles, et ils les tuent avec une sûreté de main et de coup d’œil vraiment surprenante.

Le danger passé, on aurait pu croire que l’héroïne de ce drame lugubre serait restée chez elle afin de se remettre d’une alarme si chaude. Peu de femmes auraient