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journées dans la salle de bains, vaste pièce à colonnes de marbre que l’eau rafraîchissait sans relâche ; elles s’étendaient la nuit sur les canapés en rotin qui garnissaient la vérandah de mon premier étage.

J’ai toujours préféré le service des femmes à celui des hommes. Elles l’accomplissent avec plus de régularité et plus de délicatesse. Malgré les qualités d’Antou et son exactitude ordinaire, il a fait défaut plusieurs fois à l’appel, et j’ai dû me passer de lui. Les femmes restent à la maison, non pas pour filer de la laine, comme Lucrèce, mais pour ne pas se fatiguer. Mes ayas étaient à mes ordres constamment et obéissaient sans trop discuter.

Elles étaient fort habiles, d’ailleurs ; j’avais eu soin de les choisir parmi celles qui n’ont point appris à mâcher le bétel, ce qui est pis que mâcher du tabac ; leur coquetterie n’allait point jusqu’à passer un grand anneau d’or ou d’argent dans l’une de leurs narines. En outre, elles baragouinaient quelques mots de français, et comme j’avais appris assez de tamoul pour me servir des phrases les plus usuelles, nous nous entendions parfaitement.