Page:Chauvet - L Inde française.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Malheureusement, ces braves gens ont un défaut capital. Ils chantent tout le temps qu’ils courent. Là est, d’ailleurs, le côté faible des races de ce pays qui ne font rien sans mêler à leurs efforts un chant d’une désespérante monotonie.

On le retrouve dans les cérémonies religieuses, comme dans les actions les plus simples, et il est toujours le même, lent, saccadé, d’un rhythme étrange, passant brusquement du piano au forte et dont les notes distancées, tombant dans l’oreille la moins impressionnable, finissent par y produire l’effet d’une piqûre d’épingle effleurant la peau à intervalles réguliers et toujours à la même place.

Nous laissâmes à notre droite la ville sainte de Condjiveram, dont les pagodes célèbres attirent l’attention de voyageurs moins pressés que nous. Cette ville remplit dans le Carnatic le rôle que joue Bénarès dans le Nord.

J’ai regretté que le temps nous manquât et qu’il ne nous fût pas possible de nous détourner de notre route pendant quelques heures pour visiter l’importante cité dont la population consacre son travail à fournir de fleurs, d’encens, de musiciens et de bayadères, la multitude de temples qui couvrent son territoire.

L’un de nos guides, baragouinant l’anglais mêlé de tamoul, nous raconta que quinze jours auparavant,