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chacun d’une équipe de quatorze porteurs, dont douze devaient se relayer quatre par quatre, un était spécialement chargé des vivres, et le dernier d’une torche.

Zara dormait toujours. Ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à lui faire comprendre que l’heure était venue de se mettre en route. Cette perspective parut lui occasionner une vive contrariété. Néanmoins, elle finit par se décider à partir ; chaque membre de la caravane s’étendit dans un palanquin.

En reprenant la position horizontale qui lui était si familière, Zara poussa un soupir de soulagement.

Nos coolies s’élancèrent en avant au signal de leur chef ; j’avoue que le mouvement qu’ils impriment au véhicule posé sur leurs épaules est presque insensible et ne fatigue point le voyageur. Allant d’un pas aussi rapide que le pas gymnastique de nos chasseurs à pied, ils rasent à peine la terre ; on ne ressent pour ainsi dire aucune secousse.

C’est une seule caste de l’Inde, dont le berceau est la cote de Coringui, qui a le monopole de dresser ces porteurs de palanquin, agiles, infatigables, et dont la marche cadencée n’a que de douces ondulations. De même que la Savoie fournit de fumistes l’Europe entière et que l’Auvergne répand sur le reste de la France son stock de charbonniers et de porteurs d’eau, de même la côte de Coringui est l’école normale des coolies.