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leur maître, pour ne pas tomber entre les mains des généraux de l’empereur, s’étoit empoisonné, & avoit mis le feu à sa maison, afin qu’on ne pût faire aucune insulte à son corps.

Ce qui confirma cette nouvelle, fut le deuil d’Eponine. Cette dame sensible ayant ajouté foi à ce que l’un des affranchi lui avoit raconté de la mort de Sabinus, s’abandonna à la douleur la plus amere ; elle faisoit retentir de ses regrets & de ses cris les lieux qu’elle habitoit ; elle versoit des larmes qu’aucune consolation humaine ne put tarir. Elle fut visitée de tout ce qu’il y avoit dans la ville de personnes de distinction ; on lui disoit, mais inutilement, tout ce qu’on peut imaginer pour calmer un tel désespoir. La fidelle Eponine ne voulant point survivre à un époux qu’elle idolâtroit, & qu’elle croyoit avoir perdu pour toujours, refusoit de prendre aucune nourriture. Le bruit de la mort de Sabinus fut aussi-tôt répandu par-tout, & il n’y eut personne qui n’y ajoutât foi.

La douleur d’Eponine, si profonde & si sincere, la maison brûlée, les affranchis congédiés, tout portoit à croire cette nouvelle. Sabinus instruit, par l’un des deux affranchis, de tout ce qui