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la plus grande réputation parmi ceux de sa secte ; ils le regardoient comme un prophete : le peuple en vint à un si grand excès de vénération pour lui, que les autres Juifs appréhendant qu’ils ne fussent inquiétés si les Turcs s’appercevoient des honneurs que le peuple Hébreu lui rendoit, le firent embarquer pour Smirne, où il y a moins d’espions & plus de liberté qu’à Constantinople.

Après avoir passé quelques jours dans cette ville, le nouveau prophete se rendit à Jérusalem. Il avoit séduit l’esprit d’une fille de Galata : il se servit d’elle pour se faire annoncer. Cette imbécile dit à ses parens qu’elle avoit vu un ange environné d’une admirable clarté, ayant en main une épée flamboyante, qui lui avoit dit que le véritable messie étoit venu, & qu’il se manifesterait sur le rivage du Jourdain ; qu’il falloit se disposer à le recevoir, & à aller lui rendre hommage. Le pere, aussi crédule que sa fille, ayant communiqué cette vision aux rabins, ils déciderent qu’on ne pouvoit se dispenser d’obéir à des ordres qu’ils croyoient émanés du ciel.

La nouvelle de cette prétendue révélation ne fut pas plutôt répandue parmi le peuple, que beaucoup de Juifs ven-