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parjure n’ont jamais empêché les ames fausses de la trahir. À présent, comme alors, ç’a été toujours une erreur de croire le contraire.

Un Chrétien convaincu d’un commerce criminel avec une fille, ou une femme de cette nation étoit brûlé vif. Le motif qu’en rapporte un auteur, digne éleve de ces siecles d’ignorance & de superstition, paroîtra sans doute singulier, pour ne pas dire ridicule. C’est, dit-il, que se souiller avec une Juive, est un crime égal à celui qui se commet avec les bêtes. Une pareille absurdité est un outrage contre l’Etre suprême, puisque le peuple Juif l’a reconnu avant toutes les autres nations, & qu’il est une image de la divinité, ainsi que tous les êtres raisonnables.

Tant d’humiliantes servitudes n’empêcherent point ces malheureux de venir en foule s’établir dans la France, dont insensiblement ils envahirent tout le commerce. On dit que sous Philippe Auguste, ils avoient presque la moitié de Paris en propre. Ce grand prince n’y vit d’autre remede que de déclarer leurs débiteurs quittes à la réserve d’un cinquieme qui fut confisqué au profit du monarque, & de chasser ces sangsues