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heur d’être privé de la liberté s’augmentoit encore par l’humiliation de dépendre de ces êtres méprisables. Philippe-Auguste instruit de leurs vexations, ne crut pouvoir y remédier d’une maniere efficace, qu’en enjoignant à tous les Juifs de sortir dans trois mois des terres de sa domination. Cet arrêt de proscription est de l’an 1181. Leurs immeubles furent confisqués, leurs créances déclarées illégitimes, les François déchargés de toutes les obligations qu’ils avoient pu contracter à leur égard, en payant au monarque la cinquieme partie de leur dette. On leur laissa néanmoins leur argent comptant, & tous leurs meubles ; mais on ne leur accordoit qu’un très-court espace de tems pour pouvoir les emporter.

Les grands du royaume, c’est à-dire, les barons, les comtes, les archevêques, les évêques, gagnés par les présens & par l’or des proscrits, n’épargnerent ni prieres ni promesses pour fléchir le jeune monarque ; mais toutes les sollicitations possibles ne purent ébranler sa fermeté. On lui avoit peint dans son enfance l’avidité des enfans d’Israël sous des couleurs si fortes, qu’il avoit conçu pour ce peuple toute l’aver-