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donc avec instance de monter dans son carrosse ; mais Griska la pria à son tour de permettre qu’il lui donnât toutes les marques de respect & de soumission qu’il lui devoit : La couronne de Russie étoit plus à vous qu’à moi ; je ne la porterai, ajouta-t-il, que pour mieux exécuter vos volontés. Il suivit assez long-tems son carosse à pied, & la tête découverte ; l’impératrice le força enfin de se couvrir, & de monter à cheval, en lui disant que c’étoit la premiere marque de soumission qu’elle exigeoit de lui. Il la conduisit dans le couvent destiné aux veuves des czars, & reçut d’elle toutes les caresses dont une mere tendre peut combler un fils chéri.

Les ruses de l’imposteur n’échapperent pas à tout le monde ; quelques seigneurs qui observoient les actions de ce nouveau prince, s’apperçurent qu’il faisoit plus de cas des Polonois que des Moscovites, & qu’il avoit une garde étrangere, composée de plusieurs compagnies de François, d’Anglois, d’Allemands, de Livoniens, de Suédois ; ils entrerent en défiance ; voyant d’ailleurs qu’il avoit dessein d’épouser une femme catholique Romaine, qui étoit la fille du vaivode de Sandomir, ils commen-