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il se mit à pleurer, & lui dit que s’il étoit instruit de sa naissance, il auroit plus d’égards pour lui.

La curiosité du seigneur Polonois l’engagea à presser Griska de déclarer qui il étoit ; l’imposteur répondit hardiment qu’il étoit le fils légitime du grand-duc Jean Basilowitz ; que Boris Godunof, usurpateur du trône de Russie, avoit voulu le faire assassiner, mais que le coup étoit tombé sur un jeune garçon qui lui ressembloit parfaitement, & que ses amis avoient substitué en sa place, pendant qu’ils l’avoient fait évader. Il montra ensuite une croix d’or garnie de pierres précieuses, qu’il disoit lui avoir été mise au col lorsqu’il fut baptisé. Il ajouta que l’appréhension de tomber entre les mains de Boris, l’avoit empêché de se découvrir jusqu’alors.

Après ce discours artificieux, il se jetta aux pieds du seigneur Polonois, & lui demanda sa protection. Pour rendre son récit plus vraisemblable, il l’accompagna de tant de circonstances, que son maître lui fit donner un équipage convenable à la grandeur d’un prince. Le bruit de cette nouvelle se répandit aussitôt par tout le pays ; le grand-duc Boris craignant les suites de cette aventure,