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leur sang comme d’autres peuples tirent parti de leur industrie ; le duc d’Aveiro poussa même un corps de cavalerie qui lui étoit opposé jusqu’au centre, & à l’endroit qu’occupoit le roi de Maroc. Ce prince voyant arriver ses soldats en désordre, & fuyant honteusement devant un ennemi victorieux, se jette à bas de sa litiere, transporté de colere & de fureur, & veut, quoique mourant, les ramener lui-même à la charge. Ses officiers s’opposent en vain à son passage ; sa valeur se fit jour avec son épée ; mais ses efforts achevant de consommer ses forces, il tombe évanoui dans les bras de ses écuyers. On le remit dans sa litiere, & il n’y fut pas plutôt, qu’ayant mis son doigt sur sa bouche, comme pour leur recommander le secret, il expira dans ce moment, & avant même qu’on eût pu le conduire jusques sous sa tente.

Sa mort demeura inconnue aux deux partis. Les chrétiens paroissoient jusques-là avoir de l’avantage ; mais la cavalerie des Maures, qui avoit formé un grand cercle, se resserrant à mesure que les extrémités s’approchoient, acheva d’envelopper la petite armée de dom Sebastien. Les Maures chargerent en-