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prit un parti tout contraire, qui fut d’inviter le coupable de se mettre entre ses mains, en promettant de lui sauver la vie. Perkin accepta la proposition, apparemment parce qu’il n’espéroit rien de mieux, & fut mené dans la tour de Londres.

Sa femme mit le comble à ses vertus par son amour conjugal ; les revers ni les faveurs de la fortune ne l’altérerent jamais, il se soutint toujours avec la même pureté. Le prince ne l’eut pas plutôt vu, qu’il l’aima, mais d’une maniere qui ne blessa pas la vertu. Il la donna à la reine. Ses procédés avec elle furent si respectueux & si pleins de circonspection, que, malgré la malignité des courtisans, & la délicatesse de la reine, la réputation de la fidelle Gourdon sut se préserver des traits de la médisance. Elle eût été aussi heureuse à la cour d’Henri qu’elle méritoit de l’être, si elle eût moins aimé un mari si peu digne de l’être.

La prise de ce téméraire lui avoit donné un chagrin mortel ; sa mort la rendit inconsolable. Cet esprit inquiet s’attira lui-même le supplice que la clémence du roi s’obstinoit à lui épargner.