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nom de son pere ; & son nom de baptême, Pierre, le fit nommer tantôt Perkin, tantôt Petrekin, qui en sont des diminutifs. Pendant son enfance, ses parens le ramenerent à Tournai. Peu de tems après, ils l’envoyerent à Anvers, chez un de ses parens. Les voyages qu’il fit d’une ville à l’autre l’accoutumerent à en faire de plus longs ; & le commerce qu’il eut avec quelques négocians Anglois, le mit à même d’apprendre leur langue.

Tel étoit l’état du fameux Perkin, lorsque sa bonne ou mauvaise fortune le fit connoître à la duchesse de Bourgogne, qui ne l’eut pas plutôt connu, qu’elle le jugea propre à son dessein. Elle le retint caché auprès d’elle ; & l’ayant préparé de longue main aux confidences qu’elle avoit envie de lui faire, elle lui parla un jour ainsi :

« Perkin, lui dit-elle, j’ai besoin de vous : c’est pour vous mettre en état de n’avoir plus besoin de personne. Vous avez des talens au-dessus de votre naissance : je veux vous faire une fortune proportionnée à vos talens ; aidez-moi seulement à vous faire une naissance capable d’une haute fortune ; je vous en donnerai les moyens, si vous êtes docile à écouter mes leçons.