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les Sarrasins, d’où il étoit venu ; mais ayant été reconnu par un des mariniers pour un des compagnons du Hongrois, il fut jetté dans la Garonne, pieds & mains liées. On trouva dans son bagage beaucoup d’argent, des poudres empoisonnées, des lettres écrites en Arabe, qui marquoient un engagement de livrer dans peu un grand nombre de chrétiens aux infideles.

Un second lieutenant de l’imposteur étoit passé en Angleterre, où il rassembla, en peu de tems, cinq ou six cens villageois ; mais le bruit s’étant répandu que les disciples du Hongrois avoient été frappés de toutes les foudres ecclésiastiques, il fut arrêté, & mis en pieces par ceux mêmes qu’il avoit d’abord séduits. Telle fut la fin malheureuse des pastoureaux : tous périrent ou par l’épée ou par les mains des bourreaux ; on n’en excepta que ces trop simples paysans dont on avoit surpris la bonne foi. Les uns, touchés d’un véritable repentir, allerent expier leurs égaremens au service du roi dans la Terre-Sainte ; les autres se voyant sans chef, regagnerent, comme ils purent, leurs chaumieres.