Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les écoliers prirent les armes, & en tuerent quelques-uns, ce qui les obligea de se retirer avec assez de précipitation.

La régente informée de ces désordres, ouvrit enfin les yeux, reconnut modestement sa faute, avoua qu’elle avoit été trompée par la simplicité apparente de ces imposteurs : aveu qui pourroit paroître humiliant de la part d’une reine consommée dans les affaires par une longue expérience, mais qui décele, dit l’abbé Veli, une grande ame que l’amour-propre, si naturel aux grands, ne fait point aveugler. Elle envoya par-tout des ordres aux évêques de fulminer tous les anathèmes de l’église contre ces fanatiques ; aux magistrats, de s’en saisir ; aux peuples, de prendre les armes pour les dissiper.

Bourges cependant ignoroit cette proscription ; on y reçut le prétendu prophete avec des grands honneurs : Jacob y fit entrer une partie de ses gens, l’autre se répandit dans les vignes. Le clergé, objet éternel de leur haine, s’étoit caché ou retiré. Il n’y eut personne de tué, mais les synagogues des Juifs furent forcées, leurs livres brûlés, leurs maisons pillées. Le maître prêcha avec