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PREFACE.

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quérans. Après avoir sérieusement refiéchi , on a crû que ce seroit un ornement d’autant plus inutile , que des Cartes resserrées dans de petits Livres, ne peuvent jamais être parfaites. L’Ouvrage au roit été d’un plus grand prix, & n’en auroit pas été meilleur. On l’a répété plusieurs fois ; & on le répétera encore : il est im possible qu’un Dictionnaire Historique soit parfait. Il est si aisé de substituer un chiffre à un autre, & si difficile de donner une atten tion égale , à tant de dates , & des noms multipliés ; que , quoique nous ayions profité, des fautes de nos Prédecesseurs, il se peut très bien qu’il nous en soit échappé beaucoup. Si l’on nous fait l’honneur de nous critiquer, nous n’aurons d’autre réponse à faire , que de nous corriger, & de conserver pour ceux qui nous auront mis sur la voye, la reconnoissance qu’on doit à un Bienfaicteur & à un guide. Il n’appartient qu’à l’orgueil & à l’ingratitude, d’insulter un homme qui veut bien nous donner la main , quand nous sommes tom bez ; nous osons seulement prier nos Lecteurs de ne pas juger de tout l’Ouvrage par une fausse date , peut-être reformée dans l’errata. Ce qu’on doit le plus considérer, c’est si nous avons gardé l’impartialité, qui doit faire le caractère de tout homme sensé , & sur-tout d’un Historien ; si nous avons pris parti pour , ou contre ; si nous avons mis du fiel, dans l’examen des Ouvrages des bons Auteurs. Nous prions d’examiner les grands articles, plûtôt que ceux de quelques Rcrivains sans conséquence, dont personne ne s’embarrasse, sur les quels on peut plaisanter impunément , & dont on ne parle que pour proposer des exemples à éviter.

Malgré notre attention & nos recherches, nous ne nous flatons pas d’avoir connu tous les hommes illustres , qui ont paru depuis que le monde existe. Combien de Grands Hommes , dont le nom a resté dans l’oubli , soit parce qu’ils sont nés, dans des tems barba res, soit parce qu’ils ont manqué d’Historiens, quoique nés dans des tems plus heureux ? « Combien de belles actions particuliéres, » dit Montaigne, s’ensévellissent dans la foule d’une Bataille ? De •, tant de milliasses de vaillans hommes, qui sont morts depuis 15oo. ,, ans en France, les armes à la main , il n’y en a pas cent qui soient o, venus à notre connoissance. La mémoire, non des Chefs seule , lement , mais des Batailles & des victoires est ensevelie. Les for » tunes de plus de la moitié du monde 2. à faute de regître, ne bou » gent de leur place, & s’évanouissent sans durée.. .. Pensons-nous , qu’à chaque arquebusade, & à chaque hazard que nous courons, ,, il y ait soudain un Greffier qui l’enrôle ? Et cent Greffiers, outre ,, cela , le pourroient écrire, desquels les Commentaires ne dureront » que trois jours, & ne viendront à la vûe de personne.» Plût-à-Dieu que cette remarque d’un Philosophe célebre , pût guérir les hommes de ces vains désirs d’immortalité qui les tour mentent , & sur-tout de cette folie trop commune , de chogher la